mercredi 21 mai 2008

Afrique du Sud - 22 morts dans des violences contre les immigrés


Des attaques contre les immigrés, essentiellement zimbabwéens, touchent depuis une semaine Johannesburg, capitale économique de l'Afrique du Sud.

Les autorités redoutent une flambée de xénophobie dans les quartiers pauvres où le taux de chômage est très élevé.
H.S. (avec agences) - le 19/05/2008 - 15h38

Une vague de violences racistes secoue depuis une semaine Johannesburg, capitale économique de l'Afrique du Sud, et sa banlieue. Selon le dernier bilan, avancé par la police, 22 personnes ont été tuées, et 217 ont été arrêtées.

Les attaques, assorties de pillages et de destructions, ont essentiellement visé des immigrés zimbabwéens et mozambicains mais ont aussi affecté des entreprises appartenant à des immigrés asiatiques, notamment pakistanais. Les violences se sont produites dans les quartiers pauvres de la banlieue Est de Johannesburg, avant de se propager à d'autres quartiers et au centre-ville.

D'après l'ONG Médecins sans Frontières, les victimes "racontent que ce sont des bandes organisées de 100 à 300 jeunes qui entrent dans les maisons, les appartements et les cabanes armées de machettes et d'armes à feu". Des centaines d'étrangers se sont réfugiés dans des églises et des commissariats de police pour fuir les violences.

Crise humanitaire

Pour Médecins sans Frontières, la situation relève maintenant de la crise humanitaire. "J'ai connu de nombreux camps de réfugiés, explique Eric Goemare, porte-parole de MSF, et cette situation est vraiment similaire. J'ai soigné des blessures par balles, des personnes battues, des victimes de viols. Les gens sont terrorisés."

Le président Thabo Mbeki a ordonné à la police de trouver au plus vite les instigateurs de ces violences. Les forces de l'ordre ont procédé à "des centaines d'arrestations", et ont "fait usage de balles en caoutchouc" pour disperser des groupes qui voulaient s'en prendre aux étrangers.

Chômage et xénophobie

"Pour le moment, le calme est revenu", selon un responsable local de la police. Mais ces violences font redouter aux autorités une flambée de xénophobie dans un pays autrefois réputé pour le bon accueil réservé aux immigrants et aux demandeurs d'asile, en particulier africains.

Certains Sud-Africains, en particulier dans les quartiers pauvres où le taux de chômage est élevé, accusent aujourd'hui les Zimbabwéens et d'autres immigrés de faire monter la criminalité et de prendre les rares emplois disponibles.

Ces dernières années, la crise économique qui frappe le Zimbabwe a provoqué une vague d'immigration massive vers l'Afrique du Sud. Cette immigration s'est encore accélérée depuis les violences qui ont éclaté au Zimbabwe à la suite de l'élection présidentielle du 29 mars. Aujourd'hui, près de trois millions de Zimbabwéens vivent en Afrique du Sud.

Aucun commentaire: