
L’émission télévisée « Njegemaar » diffusée dimanche soir sur les ondes de la RTS a fait un tabac du fait de son thème d’actualité qui touche une grande couche sensible de notre population. Il s’agit du vécu des femmes de Modou Modou. Un condensé de faits résumés devant une assistance rehaussée par la présence du chanteur Mbaye Diéye Faye, du comédien Serigne Ngagne, du sociologue Sylvain Ndiaye, de la présentatrice Adja Sy etc. Un concept réalisé par M.Boubacar Bâ, directeur des programmes et qui touche vraiment la fibre sensible des Modou-Modou.
Le thème était à la fois amusant et sérieux. Car, avec toutes ses facettes positives et négatives, beaucoup de jeunes filles sénégalaises rêvent d’épouser un Modou Modou à cause du mythe qu’ils créent. «Ils partent en Europe pour revenir avec beaucoup d’argent à donner». D’ores et déjà, qui peut résister à cette sublime tentation? Le plateau était riche en échanges, en commentaires et en témoignages. Il y avait même une ex-femme de Modou Modou, Mme Ken Sy, qui a crevé l’écran pour expliquer comment après des années de bonheur vécues auprès de son mari parti aux USA, sa belle famille lui a mené la vie dure, au point qu’elle a perdu son homme. Elle était prête à raconter toute sa vie. Mais la présentatrice Adja Sy ne le lui a pas permis « J’ai fait dix ans de mariage et c’est à ma dixième année que j’ai divorcé. On m’a mis en mal avec mon mari. Ma belle famille a monté des histoires de toutes pièces allant jusqu’à dire que je suis une pute et m’imputer même des grossesses imaginaires. C’était dur pour moi, mon mari ne supportait plus ces querelles à distance et il pouvait rester huit mois sans m’envoyer de l’argent. Les enfants ne mangeaient pas à leur faim et je me retrouvais sans bonne». C’est juste une petite idée du calvaire que rencontrent ces femmes à l’exemple de Ken Sy. D’ailleurs, vu la hargne dont elle faisait montre, et ce divorce qu’elle a imputé à sa belle famille, Mbaye Dièye Faye a fini par lui jeter à la figure: « Toi, tu aimes toujours ton mari ! ». Et elle de répondre du tic au tac : « C’est le premier homme que j’ai connu et puis c’est le père de mes enfants».
Selon les enseignements du Coran, l’homme n’a pas le droit de partir en voyage plus de trois mois laissant sa femme seule
L’on sait que les Modou Modou partent généralement pour des années, cinq ans ou plus. À l’exception de quelque uns qui ont maîtrisé le terrain et qui peuvent faire des allers et retours avec des papiers en règle. Et pourtant, d’après l’islamologue Aliou Sall que Adja Sy a interrogé, l’islam ne permet pas à un homme de partir en voyage plus de trois mois en laissant sa femme toute seule. Pour la simple et bonne raison qu’il y a tous les risques qui la guettent. Si l’infidélité de l’homme n’est pas flagrante, celle de la femme est bien visible et elle se solde en général par des grossesses. C’est pour éviter pareil accident que les hommes ont l’obligation de revenir au pays pour rencontrer leurs épouses. D’ailleurs dans ce sens Serigne Ngagne, en bon comédien, dira que l’immigré qui fait quinze ans a l’étranger ne peut faire que travail et dodo. Il lui faut impérativement une chaleur humaine le soir. Et il plaint ses compatriotes sénégalais à la recherche de gagne-pain et qui vivent dans ces conditions difficiles et peu enviables.
Les délices et les contraintes du mariage des femmes de Modou Modou। Même si les femmes des immigrés ont une certaine aisance matérielle, il n’en demeure pas moins qu’elles sont soumises à des contraintes. Par exemple une femme dont l’époux est absent n’a pas le droit de faire du Xéssal, de se faire belle inutilement et de sortir la nuit. Selon les témoignages receuillis, c’est très mal vu car leur réputation peut facilement en souffrir. Pour certains, c’est à la femme d’endurer et d’attendre. Mais on a noté dans cette émission que la plupart d’entre elles adorent encore leurs maris et, du fond de leur âme, elles ne souhaitent pas cette séparation brutale. C’est le cas d’une femme qui a dit qu’elle a fait seize ans de mariage. Pendant dix ans, elle avait à côté d’elle son mari. Et un beau jour, c’est le clash, ce dernier lui a parlé de son départ à l’étranger pour nourrir la famille. Du coup, voilà six ans qu’elle dort seule dans son lit. Une douleur insupportable. D’aucuns diront qu’elles regardent leur mari à travers le visage des enfants, pour se consoler de cette chair commune. Mais c’est le prix à payer. À la fin, Adja Sy a décroché le Ndigel de l’année avec Serigne Bara qui a exhorté les immigrés à faire preuve de beaucoup plus de «jom» et de « fulleu » en pensant aux parents et proches laissés au pays.
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