Une partie de la population sénégalaise est très certainement apte à obéir strictement à des mots d'ordre, à respecter des objectifs limités et précis, à ne pas s'attaquer à n'importe quoi, à avoir un comportement responsable y compris dans une confrontation dure. En revanche, il est évident qu'une grande partie de la population est tout à fait susceptible de se laisser déborder par ses propres émotions et est capable des dérapages les plus inadéquates et les plus violents.

Une masse populaire, peu éduquée et peu politisée, peut se transformer rapidement en cyclone qui dévaste tout sur son passage. Quand l'émotion et la colère prennent le pas sur la raison, l'émeute incontrolable n'est pas loin.

La masse populaire devient rapidement un troupeau dans lequel l'intelligence et la responsabilité individuelle disparaissent laissant la place à un sentiment de force et d'impunité.

Cela s'est vu de nombreuses fois dans de multiples pays et je ne vois pas pourquoi le Sénégal échapperait à ce phénomène.

Je peux comprendre que des leaders de partis d'opposition prétendant assumer le pouvoir, demain ou après demain, aient réfléchis à 2 fois avant de prendre un tel risque pour la stabilité du pays.

Dans la situation du Sénégal, où nous sommes hors du champ républicain, la conscience de la responsabilité de l'opposition, dans la stabilité du pays finit par croiser sa responsabilité comme moteur de la lutte quand la situation devient trop dangeureuse pour la population.

Quand la colère et la frustration populaire deviennent palpables, il devient certain qu'elles s'exprimeront, un jour ou l'autre, avec ou sans le concours des associations de consommateurs, partis d'opposition ou autres...

Quand le temps est venus, la responsabilité de l'opposition est de prendre la tête de la revendication populaire, avec les moyens adéquats, pour transformer les élans sporadiques de colère en une force disciplinée et constructive. Y compris dans la rue.

Elle doit le faire sous peine d'être taxée de trouillarde et de pusillanime.

Il y a longtemps que je pense que le langage de la rue et de la confrontation musclée est le seul langage que comprend Wade. Je pense qu'il n'y avait pas à attendre si longtemps, mais je ne suis pas chef de parti et ne suis pas, non plus, en situation de gouverner demain. Cela change les manières d'analyser les situations politiques et incite très certainement à la prudence.