vendredi 4 avril 2008

BONJOUR L’AFRIQUE | Onde de choc continentale : l’Afrique a faim


Par Demba Ndiaye.

Depuis trois semaines maintenant, les peuples d’Afrique envoient des signaux à leurs dirigeants : ils ont faim. Ils l’expriment dans les rues de leurs capitales. Et c’est toujours la même réponse : la répression. Avec même des morts d’hommes et de femmes.


De Ouagadougou à Douala, en passant par Dakar, Bissau et Abidjan, c’est le même cri : "on a faim, que faites vous ?" Le plus souvent, les réponses de ceux qui nous gouvernent ont été la trique ; voire les balles et les lacrymos. De Douala à Dakar, on a toujours servi aux populations la même réponse : on n’y peut rien, c’est le pétrole qui a augmenté, c’est une affaire mondiale". La mondialisation donc ! A Dakar, le ministre en charge (il y a trois jours) du commerce, a dit aux sénégalais qu’ils devaient supporter cette situation encore pendant plusieurs années. Parce qu’on y pouvait rien ; parce que c’était la faute au pétrole. On lui a enlevé lundi dernier, tard dans la nuit, ce secteur du commerce. A Abidjan, après la colère des femmes lundi dernier, Gbagbo et Soro ont été obligés de prendre des mesures d’urgence (voir africanglobalnews.com). A Dakar par contre, après la manif des associations de consommateurs de dimanche dernier, l’Etat du Sénégal a préféré traduire les organisateurs en justice et,..annoncer dans la nuit du 31 mars au 1er avril un réaménagement gouvernemental qui ne réduit pas sa taille et donc pas d’économies. Vingt neuf ministres pour un pays de près de onze millions d’habitants ! Et sans ressources ! Il y a quatre mois, quand les prix des denrées de première nécessité avaient commencé à grimper pour atteindre le sommet de l’insupportable, le gouvernement avait annoncé "19 mesures " sociales qui ne sont toujours pas effectives. Le premier janvier était la date butoir annoncée.

Non seulement ces mesures n’ont pas été appliquées, mais on a eu "le courage" d’en remettre une couche en assumant encore d’autres hausses. Ce journal est pan-africaniste, mais nous ne comprenons pas que notre président s’intéresse plus aux soubre-sauts conflictuels entre le Tchad et le Soudan qu’au bien être de ses propres populations. Qui l’ont élu. Oh ! Il a bien annoncé une aide aux populations rurales en famine endémique (famine qu’il avait niée au départ) une aide de 10 milliards de FCFA (environ 4,5 millions d’euros) pour tenir jusqu’aux prochaines pluies. Si le bon Dieu nous est clément en pluies. Et puis, on se demande toujours ce qu’est devenu le plan dit "Bawnan" avec l’aide du royaume du Maroc. Il était censé provoquer des pluies artificielles. Ce sont peut être les inondations de la capitale, Dakar, qui freinent l’élan pluviométrique de ce fameux énième plan.

La presse d’hier nous apprend que le gouvernement du Bénin, lui aussi touché par cette onde de choc inflationniste, a décidé d’injecter 4 milliards de FCFA pour atténuer le choc de la hausse des prix des denrées vitales.

Du gouvernement sénégalais, mon pays, on attendait d’abord, qu’il rende effective l’application des 19 mesures qu’il avait annoncées en grandes pompes. En second lieu, qu’il ne divertisse pas son peuple (son électorat) par des reports d’élections municipales, des ballons de sonde pour un couplage d’élections, par un "réaménagement" gouvernemental qui en augmente la taille, au moment où des populations excédées par des hausses en continu des prix manifestent, et dont les leaders subissent les affres de la justice ; on attendait donc qu’il (le président ou le chef du gouvernement) parle à son peuple ; qu’il commence à mettre en œuvre les dix-neuf mesures annoncées ; qu’il réduise la taille du gouvernement... Le peuple l’attend ce soir pour son traditionnel discours du 3 avril, la veille de la fête de l’indépendance.

Et puis, maintenant, face à cette onde de choc continentale, on peut se demander à quoi sert l’Uemoa ? A quoi sert la Cedeao ? Ces structures sont elles incapables de trouver des mesures de régulation des coûts des prix des denrées dont se nourrissent leurs populations ? Deux semaines après le sommet de l’Oci on se demande bien où se trouve la solidarité islamique dont on se glose tant.

Oui, l’Afrique a faim. Non ! Ce sont les peuples d’Afrique qui ont faim. Et qui le disent. Et on les réprime. Pendant ce temps, leurs dirigeants exposent des signes de richesses qui heurtent la conscience du citoyen lambda.

Afrique debout ! La faim n’est pas une fatalité. Il semblerait même que c’est le continent qui nourrit le reste du monde...



D.ND.

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